Campagne de sensibilisation des jeunes et adolescents des collèges sur le cas des grossesses en milieu scolaire organisée par YSA et ABMS PSI
Violences sexuelles: 81% des
victimes sont des mineurs, 94% des agresseurs sont des proches, selon une
enquête soutenue par l'UNICEF
Publication:
01/03/2015 07h22 CET Mis à jour: 01/03/2015 07h24 CET
VIOLENCES -
Une femme sur cinq et un homme sur quatorze déclarent avoir déjà subi des
violences sexuelles. Dans 81% des cas, les victimes sont des mineurs. Dans 94%
des situations, les agresseurs sont des proches. Voici quelques-uns des
chiffres alarmants que rapporte ce 1er mars une enquête de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, avec le
soutien de l'UNICEF France.
Cette étude
nationale a été réalisée de mars à septembre 2014 sur 1214 victimes de
violences sexuelles âgées de 15 à 72 ans, dont 95% de femmes. Le but de cette
enquête conçue par Muriel Salmona, psychiatre et psychotraumatologue,
Présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, est
d'"évaluer l'impact des violences sur leur vie et leur parcours de prise
en charge".
Les
questions - 184 au total - ont été diffusées sur les sites et réseaux sociaux
de l'association. Elles étaient divisées en trois grands groupes: sur les
violences sexuelles subies, sur le parcours judiciaire, et sur la santé et la
prise en charge médicale. Les réponses étaient anonymes.
70% des
personnes interrogées ont déclaré avoir subi des violences sexuelles, 68% au
moins un viol, et 40% rapportent une situation d'inceste.
Parmi ces
victimes, 8 sur 10 ont déclaré que les faits se sont déroulés lorsqu'elles
étaient encore mineures. Une sur deux avait moins de 11 ans. Une sur cinq moins
de 6 ans.
Selon un rapport de l'OMS rendu
public en 2014, 20% des femmes et 5 à 10% des hommes dans le monde
ont subi des violences sexuelles pendant leur enfance.
Ces agressions sur mineur sont très souvent liées à l'inceste. Dans 70% des cas,
lorsque la victime a moins de 6 ans, l'agression est incestueuse. "Mon
père m'a violé en moyenne 3 à 4 fois par semaine pendant plus de dix ans",
témoigne l'une des victimes.
C'est très
compliqué d'avoir des chiffres, année par année, sur les mineurs victimes de
viols, pour la simple raison qu'il faut demander l'autorisation à ses responsables légaux.
Selon cette
enquête, dans 96% des cas, l'agresseur est un homme. Dans 94% des situations,
c'est un proche qui commet l'agression sexuelle. Ainsi, un enfant victime sur
deux est agressé par un membre de sa famille. Dans un cas sur 4, l'agresseur
lui-même est mineur.
A l'âge
adulte, un viol sur deux serait un viol conjugal. Seuls 18% des viols de
personne majeure seraient causés par un inconnu.
Le tableau
ci-dessous donne un aperçu édifiant de ces faits:
Fin janvier de cette année,
une campagne organisée par le Collectif
"Le
viol qui hante l’imaginaire collectif de nos sociétés patriarcales, celui
perpétré sur une jeune femme par un inconnu armé, dans une ruelle sombre ou un
parking, est donc loin d’être représentatif de la réalité", souligne le
rapport.
Ces agressions
sont lourdes de conséquences sur la santé mentale et physique des victimes. Le
rapport de l'enquête montre que 96% des victimes agressées dans l'enfance ont
des conséquences sur leur santé mentale: anxiété, idées suicidaires,
dépression, phobies... La liste est longue. Il en va de même pour les
conséquences physiques, que connaissent 69% des victimes agressées dans
l'enfance: douleurs chroniques, troubles alimentaires...
Des
conséquences d'autant plus graves quand l'agression était incestueuse: "plus
la victime est jeune au moment des faits, plus l'agresseur est proche de la
victime, plus il a d'autorité sur elle, et plus l'impact sur sa qualité de vie
et le risque qu'elle tente de de suicider sont importants", précise le
rapport.
Cette
enquête comporte quelques limites, que les auteurs admettent eux-mêmes. D'une
part, certaines parties de la population, notamment les hommes, sont
sous-représentées. L'échantillon n'est pas non plus représentatif de la
population des victimes de violences sexuelles. Les questions ayant été
diffusées en ligne, les chercheurs émettent l'hypothèse que les personnes ayant
répondu ont plus conscience des traumatismes qu'elles ont subi qu'une grande
partie des victimes qui refoulent ou n'osent pas porter plainte.
Quoi qu'il
en soit, l'association et l'UNICEF espèrent que ces chiffres vont permettre aux
pouvoirs publics de prendre conscience de "l'enfer que [les victimes]
vivent ainsi que de la solitude et la souffrance dans lesquelles le déni
ambiant les emmure". Et rappeler que les principales victimes sont des
enfants, et les principaux agresseurs des personnes qui leur sont proches.
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